Mme. DERDAH Yamina Experte de la filière oléicole Algérienne:« Il est fondamental de tisser des liens de coopération avec les pays voisins »

  • Création : 16 avril 2025

DERDAH Yamina, experte de la filière oléicole Algérienne et Consultante pour le bureau d’études, consulting et assistance dans le domaine Agricole
Sarl Oleiconseil, analyse dans cet entretien l’évolution de la filière oléicole en Algérie. Elle estime  que la filière est marquée par une forte fragmentation, avec des acteurs qui travaillent de manière isolée sans coordination.

Agroligne : Comment se présente l'évolution de la filière oléicole en Algérie ces dernières années?

La production demeure modeste par rapport au nombre d’oliviers présents, en raison du manque de technicité dans la gestion des vergers oléicoles, ainsi
que d’un problème climatique désormais avéré : le réchauffement climatique. Un point positif observé est l’évolution des pratiques de transformation et de production de l’huile d’olive.
Conscients que la qualité des produits représente un atout majeur et une étape incontournable, les producteurs ont adopté des changements significatifs dans leurs méthodes de récolte, de trituration et de conditionnement.
La marge de progression reste significative, et un travail approfondi sur la traçabilité du produit, sa certification et sa commercialisation reste à réaliser.
La filière pourrait en tirer de grands bénéfices si des groupements économiques, des coopératives ou des clusters venaient à émerger, car ces structures pourraient offrir des solutions collectives à plusieurs problématiques liées à leurs activités.

Où en est la mise en œuvre des orientations du programme PASA pour la filière oléicole en Algérie?Le programme d'Appui au Secteur de l'Agriculture Pôle Soummam (PASA) a pris fin en décembre 2023, après cinq années d'activité ayant permis le déploiement de 50 conseillers oléicoles issus de 8 régions du pays, formés pour accompagner et orienter les oléiculteurs et oléifacteurs.
Le premier laboratoire oléicole d’envergure nationale a été créé et équipé dans la wilaya de Bejaia. Ce laboratoire a récemment obtenu une double reconnaissance du Conseil Oléicole International (COI), une pour les analyses physico-chimiques de type A et l'autre pour les analyses organoleptiques. Il attend désormais l'obtention de l’accréditation ISO 17025 version 2017 d'Algerac.
Cependant, l’établissement d’un statut pour les conseillers oléicoles demeure en suspens, une démarche qui n’a pas encore été entamée par la tutelle.

Qu'en est-il des difficultés de mise en œuvre sur le terrain?

Les difficultés rencontrées étaient souvent des problèmes organisationnels et manque de coordination et la fragmentation de la filière.
En effet, la filière oléicole algérienne est marquée par une forte fragmentation, avec des acteurs qui travaillent de manière isolée sans coordination. Les différents maillons (producteurs, transformateurs, exportateurs) manquent souvent de synergies, ce qui empêche une organisation plus efficace et une meilleure structuration de la filière.N'y a-t-il pas lieu de booster la coopération régionale dans cette filière pour tirer profit des expériences des autres pays?
Il est fondamental de tisser des liens de coopération avec les pays voisins et pays du bassin méditerranéen. La région méditerranéenne possède une longue
tradition dans la culture de l’olivier. La coopération permet de partager des connaissances techniques, des innovations dans les méthodes de culture, de transformation et de gestion des vergers oléicoles, ainsi que des pratiques de durabilité face aux défis climatiques. Ces échanges peuvent aider à moderniser la filière oléicole et à l’adapter aux évolutions technologiques et aux exigences des consommateurs.
En tissant des liens de coopération, des projets régionaux communs peuvent être lancés pour soutenir la filière oléicole.
Ces projets peuvent inclure la création de clusters oléicoles, des actions de marketing régional, des certifications communes de qualité, ou encore des programmes de formation pour les producteurs et les transformateurs.

Quel avenir pour les échanges régionaux dans cette filière notamment les exportations algériennes?
L’Algérie pourrait tirer parti de son positionnement géographique et de la qualité de ses produits pour renforcer ses exportations non seulement vers les
pays voisins mais aussi vers de nouveaux marchés en Europe, en Afrique, en Asie. Des actions de promotion dans ces régions pourraient stimuler la demande pour
l’huile d’olive algérienne. L’exportation de l’huile d’olive en Algérie, actuellement, est très modeste par rapport à la demande que nous enregistrons chaque année en raison de plusieurs contraintes, il s’agit dans un premier temps de l’incapacité des producteurs à honorer des contrats portant sur des quantités importantes, la production
demeure incontrôlée d’année en année et les producteurs peinent à maintenir la même cadence de production chaque année. S’ajoute dans le même
contexte, le prix de la matière première qui oscille chaque année de manière significative.
Une autre contrainte reste celle du conditionnement du produit fini, faut savoir que la bouteille opaque requise pour la mise en bouteille de l’huile d’olive est importée de Tunisie, de France ou d’Italie, ceci s’ajoute aux frais de production faisant de l’huile d’olive Algérienne un produit incapable de concurrencer son voisin tunisien.

Source: Entretien publié dans le magazinE agroligne N124

 

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