Formation des prix alimentaires : il est possible de mieux rémunérer les agriculteurs !
- Création : 28 avril 2015
L'Observatoire des prix et des marges a présenté son quatrième rapport annuel. La CR, qui participe aux réunions de l'Observatoire de la formation des prix et des marges depuis sa création, constate que des marges existent bel et bien pour que les agriculteurs ne soient plus les parents pauvres de la chaîne agro-alimentaire. La crise qui sévit dans tous les secteurs de production et qu’il faut bien qualifier de guerre économique montre l'urgence d'agir.
Des stratégies commerciales et industrielles destructrices
Des faits se recoupent dans la plupart des productions : on importe de plus en plus de produits agricoles et on rémunère la production française au rabais. Les transformateurs qui jouent ce jeu déloyal en sortent un bénéfice variable mais, comme on l'a vu en Bretagne, beaucoup peuvent finir par se brûler les ailes, laissant de nombreux salariés sur le carreau.
L'agriculture contrainte de produire à perte par ce système aberrant
Le résultat net moyen de la distribution est évalué à 1 %, après rémunération correcte des capitaux et du travail. Si l'on admet que les distributeurs sont un acteur majeur en matière de fixation des prix, qui sont répercutés, marge déduite, vers l'aval par chaque « maillon », on ne peut que trouver aberrant de soumettre un secteur aussi stratégique que l'agriculture, dans tous les secteurs de production, à une obligation de production et de vente à perte.
Une hausse des prix des produits agricoles imperceptible à la consommation
Depuis des décennies, la politique agricole européenne a progressivement habitué les consommateurs à se nourrir avec des produits vendus en dessous de leur coût réel de production. L'alimentation (hors restauration et boissons) représente environ 12 % des dépenses des ménages (pour la culture et les loisirs, c'est 8%). Sur 100 euros consacrés à l'alimentation, les produits agricoles pèsent seulement 19 euros. Il est donc non seulement possible d'augmenter les prix des matières premières agricoles pour permettre à tout le monde de vivre normalement, mais en plus cette hausse serait quasiment imperceptible pour les consommateurs.
Il est urgent de réorienter la politique agricole
Ainsi, la stratégie suicidaire consistant à laisser disparaître les agriculteurs sans aucune notion de durabilité économique, sociale et environnementale du système, n'est ni morale ni viable. Il incombe hier comme aujourd'hui au pouvoir politique de prendre les mesures de bon sens nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire, une occupation du territoire harmonieuse et respectueuse de l'environnement et un retour de la prospérité économique, avec ce qu'elle induit comme investissements et comme emplois.
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