La France a des cartes à jouer dans la « robolution »
- Création : 16 mars 2015
La robotique française doit rattraper son retard. En effet, le pays a raté le virage de la robotique industrielle. Ses sites de production comptent parmi les moins robotisés des pays avancés (31 600 robots en 2014 contre 175 200 en Allemagne et 58 400 en Italie par exemple) et tous les grands fabricants de robots industriels sont étrangers. Et la situation ne paraît pas non plus particulièrement avantageuse dans la robotique de service où, parmi les grands leaders mondiaux, aucun n’est français.
Toutefois, le vent pourrait enfin souffler dans le sens des acteurs français. Dans une époque en perpétuel changement (évolutions technologiques, nouveaux marchés…), l’Hexagone entend bien faire valoir ses atouts (haut niveau de recherche, ingénieurs de qualité, start-up florissantes…) pour constituer une filière robotique forte (industrielle, professionnelle et à usage personnel).
Les « cobots », nouveau souffle de la robotique industrielle
La France doit notamment relancer les achats de robots industriels. Depuis 2013, le gouvernement met donc en place plusieurs mesures de soutien. Celles-ci permettent de faire profiter les industriels des bénéfices de la robotisation et de favoriser le développement des fabricants français. Bpifrance a, par exemple, accordé une enveloppe de 300 millions d’euros de prêts bonifiés en 2014 pour l’achat de robots industriels par les PME. Les experts de Xerfi anticipent ainsi une hausse annuelle moyenne de 1,5% du chiffre d’affaires des opérateurs du secteur entre 2014 et 2020.
Ce regain de croissance sera en partie dû aux opportunités de développement qu’offre la robotique collaborative. Les « cobots » (collaborative robots) se positionnent sur des tâches encore peu robotisées (assemblage, manutention…) et apparaissent plus attractifs que les robots traditionnels (moins contraignants, plus simples d’utilisation, moins chers…). La start-up française RB3D a par exemple développé des bras robotisés d’assistance à l’effort qui ont notamment rencontré le succès auprès de PME. Toutefois, malgré les opportunités offertes, la très forte concurrence étrangère et les barrières à l’entrée empêcheront certaines start-up de passer le cap de l’industrialisation, et le marché restera dominé par les géants internationaux (Fanuc, Kuka, Yaskawa…). Les fabricants français resteront donc des acteurs de petite et moyenne taille à l’horizon 2020, positionnés principalement sur des marchés de niche.
La robotique professionnelle explose
La robotique de service professionnelle est un marché en pleine expansion. Elle se développe dans de nombreux domaines (logistique, assistance médicale, surveillance, agriculture, BTP etc.) et intéresse de plus en plus d’acteurs aux profils différents. Ainsi se côtoient start-up spécialisées, grands groupes de la robotique industrielle mais aussi géants mondiaux de la technologie, comme Google qui a racheté plus d’une dizaine de fabricants de robots et de spécialistes de l’intelligence artificielle depuis fin 2013.
La France abrite déjà des leaders sur des marchés de niche comme ECA Robotics et Cybernetix dans les robots sous-marins. Le pays est également en avance en matière de drones à usages professionnels et présente de nombreux atouts pour le développement de robots médicaux, pour la logistique et le transport ou encore pour l’agriculture.
Les robots compagnons, botte secrète de la French Tech
Enfin, la France peut se rêver en « Californie de l’Europe » sur le marché des robots de service à usage personnel. Si le segment des robots ménagers reste dominé par l’Américain IRobot, celui des robots jouets (ex : le Français Parrot avec les drones) et surtout celui des robots compagnons sont en revanche de véritables relais de croissance pour l’Hexagone. Le Français Aldebaran Robotics, leader mondial de la robotique humanoïde à l’origine des robots Nao et Pepper, reflète le dynamisme du marché. Les robots compagnons constituent un marché encore embryonnaire mais les prototypes sont de plus en plus prometteurs. Plusieurs lancements par des entreprises françaises sont d’ailleurs prévus en 2015. A titre d’exemple, le pionnier de la robotique de service Robosoft s’apprête à lancer une nouvelle version de son robot d’assistance aux personnes âgées Kompaï.
Les progrès technologiques et l’environnement (demande plus soutenue, meilleur accompagnement avec les incubateurs et les accélérateurs, soutien accru des grandes entreprises et des ETI françaises…) sont de plus en plus favorables à l’émergence des start-up françaises spécialisées dans le développement de robots de service (déjà plus de 40 début 2015 d’après Xerfi). Compte tenu des très importantes opportunités de marché pour les robots de service, aussi bien à usage professionnel qu’à usage personnel, les experts de Xerfi anticipent ainsi un triplement du chiffre d’affaires des acteurs de la robotique française de service d’ici 2020 (+20% par an entre 2014 et 2020).
Plus d'info: www.xerfi.fr