Qui succèdera à Jean-René Buisson à la tête de l'Ania ?
- Création : 14 mai 2013
Deux candidats aux profils opposés, Bruno Luisetti et Jean-Philippe Girard, vont s'affronter pour prendre le 20 juin la présidence de l'Association des industriels de l'agroalimentaire (Ania).
Le représentant d'une multinationale ou un patron de PME ? Le 20 juin, les cinquante administrateurs de l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) devront choisir entre Bruno Luisetti et Jean-Philippe Girard pour assumer les fonctions de nouveau président.
Pour l'instant, seuls ces deux candidats se sont ouvertement déclarés pour remplacer Jean-René Buisson, à la tête de la première industrie de France depuis 2004. Deux personnalités qui incarnent une vision opposée de l'industrie agroalimentaire, celle des grands groupes face à celle des PME. Mais aussi des choix de gouvernances différents, dont l'un comme l'autre aura des conséquences sur la future stratégie syndicale de l'Ania.
UN PUR "PRODUIT" DE KRAFT FOODS
Bruno Luisetti est président-directeur général de Mondelez France (ex-Kraft Foods) depuis 2011. Il a fait toute sa carrière dans le groupe américain, en débutant commercial pour les cafés Grand'mère, jusqu'à prendra la direction générale de Kraft Foods France et Benelux entre 2006 et 2010. Il est une personnalité incontournable de l'agroalimentaire français, cumulant plusieurs casquettes. Vice-Président de l'Institut de liaison et d'étude des industries de consommation (Ilec), qui représente les "grandes marques", il est aussi le président depuis 2007 de la principale fédération de l'Ania, l'Alliance 7, qui représente les industriels de l'épicerie, soit 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Un atout incontestable pour sa conquête de l'Ania.
Pourtant, selon des administrateurs interrogés par L'Usine Nouvelle, Bruno Luisetti est loin de faire l'unanimité dans un secteur composé à 97 % de PME. "Il représente une multinationale. C'est un candidat très clivant", explique l'un d'entre eux, qui estime que "l'Ania a besoin de recoller les morceaux entre ses différentes fédérations, avec un nouveau mode de gouvernance qui portent la voix des PME".
UN BOURGUIGNON QUI A FONDÉ SON ENTREPRISE
Jean-Philippe Girard semble rassembler davantage les suffrages. Patron de PME, il symbolise l'homme de terrain, qui a effectué toute sa carrière en Bourgogne. Il débute en 1980 aux Grandes minoteries dijonnaises, puis devient directeur de la qualité et de l'environnement à Interfarine. En 1989, il fonde sa propre entreprise, Eurogerm, qui s'impose en quelques années comme le spécialiste français des correcteurs de meunerie, améliorants de panification et ingrédients pour la filière farine. Parallèlement, il devient administrateur des Banques populaires de Bourgogne-France Comté avant d'en prendre la présidence en 2004. "Il est représentatif des PME de nos régions, c'est quelqu'un qui est connu pour être consensuel, ouvert et à l'écoute",explique un administrateur de l'Ania. Autre argument de poids pour être préféré par les PME, "il propose une gouvernance collégiale, avec des vice-présidents et un bureau fédéral, réellement consulté dans les prises de décisions", confie-t-on à l'Ania.
En revanche, il connaît peu la grande distribution, le partenaire incontournable des industriels et un sujet récurrent de prises de position pour l'Ania. Il devra pourtant s'affirmer face aux six grands groupes du secteur et savoir taper du poing sur la table le cas échéant. Quitte à dépasser son caractère consensuel pour porter d'une voix forte l'opinion des industriels dans les débats.
D'ici au 20 juin et l'assemblée générale de l'Ania, d'autres candidats pourraient se présenter. Mais le caractère bénévole du poste limite les ardeurs des prétendants. Il n'est pourtant pas réellement question de passer à autre système. "Cela coûte très cher. Nous préférons quelqu'un en prise avec le terrain", justifie un administrateur.
Plus d'infos : www.usinenouvelle.com