Bernard Leutrat, Président du Syndicat des Volailles Fermières d'Auvergne

  • Création : 17 mai 2010

Les chiffres de la filière volaille affichent une nouvelle fois des résultats satisfaisants. Dans un environnement de consommation plutôt morose pour la filière viande en générale, comment l’expliquez-vous ?

« La filière volaille a, comme toutes les autres filières viande, du faire face à de profondes mutations des attentes des consommateurs. Je ne reviendrai pas sur les messages de santé publique qui ont amené une certaine défiance des consommateurs vis-à-vis de la viande et auxquels, grâce à ses qualités nutritionnelles, la volaille a néanmoins su faire face et a montré une belle résistance.
Ces dernières années, nous avons également assisté à une déstructuration de la cellule familiale, entraînant l’avènement des familles monoparentales et des personnes vivant seules. Ce bouleversement, à priori éloigné de nos préoccupations, a pourtant profondément modifié les attentes et besoins des consommateurs en matière de format. Même si les bons produits, à l’instar de la volaille, demeurent plébiscités, il a fallu à la filière s’adapter en développant fortement la découpe.
À mon sens, ce sont cette adéquation de la volaille aux exigences de santé et la réactivité de la filière pour aller vers les nouvelles attentes de consommation qui ont permis à la filière volaille de maintenir sa croissance et ses résultats. »

Outre l’accélération de l’activité de découpe, quelles ont été les majeures innovations ou évolutions de la filière volaille ces dernières années ?

« La quasi-totalité des récentes évolutions de la filière est la conséquence des modifications des habitudes de consommation. Nous avons déjà évoqué la très forte croissance de l’activité découpe ; il faut cependant souligner que cette évolution en a entraîné une autre. De fait, les portions à la découpe concernent, pour une part importante, le filet de volaille.
Il a donc fallu réfléchir, au niveau de la filière, au moyen d’optimiser le pourcentage de filet sur les volailles. Nous abordons là un enjeu majeur de la filière volaille : garantir les standards tout en faisant évoluer la génétique de façon à être en adéquation avec notre marché et nos consommateurs. C’est pourquoi nous prêtons une attention particulière à nos sélectionneurs, continuellement à l’écoute du terrain, afin d’offrir une source d’informations permanente et précise aux généticiens, qui proposent alors une réponse scientifique aux attentes du marché.
À l’inverse, ils sont également source de propositions et permettent ainsi un échange transversal qui oeuvre pour l’amélioration constante des produits que nous proposons. Les abattoirs ont besoin de diversité pour commercialiser et c’est à nous de la leur garantir. »

Et comment voyez-vous l’avenir de la filière volaille prochainement ?

« Pour moi, l’avenir de la viande de volaille est étroitement lié au devenir de la gastronomie française. Avec les différentes crises qui ont touché la filière dernièrement (grippe aviaire, rejet de la viande pour des raisons de santé, rejet du prix lié à la crise économique,…), seule une tradition culinaire fermement ancrée dans les mentalités et les moeurs françaises a su maintenir l’envie de déguster de la viande de volaille, comme le poulet entier du dimanche ou encore des mets fins composés par des Chefs. Il demeure en France un savoir « bienmanger » qui garantit la prospérité des bons produits du terroir notamment.
Sur le plan de l’évolution de la filière, je pense également que la dimension environnementale, jusqu’alors pratiquée en raison de la nature même de nos métiers, peut être amenée à occuper une plus large place dans les années à venir. En effet, nous sommes toujours en quête d’amélioration du bien-être de l’animal, à travers des aménagements des parcours extérieurs notamment. Notre travail tend également à jouer le rôle de réservoir pour la nature, en cultivant une diversité biologique salutaire pour les cultures et l’environnement au sens large. Nous étudions enfin la possibilité d’introduire plus d’énergies durables dans nos élevages et métiers.
Voilà les quelques pistes futures qui se dessinent actuellement à travers nos réflexions. C’est plutôt prometteur, surtout porté par les nouvelles générations d’éleveurs, qui cherchent aujourd’hui une véritable diversification de leurs activités et pensent de plus en plus « volaille ».

Plus d'infos : www.syvofa.com

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