Avec le commerce équitable, le cacao d'Haïti s'offre un avenir

  • Création : 3 mai 2010

Une histoire de gourmands et de solidarité est en train de s’écrire : les premières tablettes fabriquées à partir de chocolat haïtien sont disponibles en grande surface et chez certains chocolatiers fins. Une première et une réussite majeure du commerce équitable : jusqu’alors, le cacao haïtien n’était pas exporté en Europe.

Quelle est donc l’histoire de ce cacao ? C’est ce que Wilfrid Noel, producteur de ce cacao et Guito Gilot, gérant de coopérative Haïtienne, viennent expliquer en France du jeudi 6 au dimanche 23 mai dans le cadre de rencontres organisées par Ethiquable pour la 10ème Quinzaine du commerce équitable.

AGENDA

Le jeudi 6 mai au matin, les producteurs visitent la Chocolaterie du Pecq au Pecq dans les Yvelines (78). Ils assistent à la transformation de leur cacao qui sera commercialisé chez des chocolatiers fins. Ils visitent la boutique Chocolat Bellevue à Meudon (92) qui propose d’ores et déjà une tablette Haïti. Ils se rendent également dans un supermarché (Simply Market à St Germain-en-Laye ou Shopi à Sèvres) où la tablette Ethiquable est commercialisée.

Le samedi 8 et le dimanche 9 mai : les producteurs sont présents au Brunch organisé par l’association Max Havelaar au Parc de la Villette à Paris et au Forum National pour le commerce équitable de Lille organisé par la Plate-forme Française pour le commerce équitable.

Le lundi 10 mai : les producteurs interviennent aux côtés de Patrick Devedjian, Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, qui présente sa participation au projet : le financement à l’ONG AVSF qui a appuyé les producteurs haïtiens, ainsi que la mobilisation des artisans chocolatiers des Hauts-de-Seine.

Jusqu’au 23 mai : ils interviennent dans des écoles et des lycées.

Des producteurs haïtiens de café sont également présents en France pendant la Quinzaine du commerce équitable.

Le cacao équitable, une manne à exploiter pour Haïti
Un cacao dévalorisé par le marché qui retrouve ses lettres de noblesse avec le commerce équitable Le verger haïtien ne contient pas de variétés de cacaoyers hybrides. Les arbres cultivés sont des variétés anciennes, criollo et trinitario, typiques de la Caraïbe. Réputés pour leur finesse et leurs arômes puissants, ces fèves sont normalement destinées à la chocolaterie haut de gamme. Plus encore, comme le criollo ne représente que 5% de la production mondiale, c’est une variété recherchée.
Pourtant, les 4 000 tonnes de fèves de cacao récoltées chaque année en Haïti souffrent d’une telle mauvaise image que le cacao haïtien subit une forte décote sur le marché mondial. Là où d’autres pays de la Caraïbe (Trinidad, République dominicaine etc…) profitent de cette manne, Haïti retire de sa production de cacao un revenu bien faible en comparaison.
La raison ? Ces fèves haïtiennes ne sont pas fermentées. Pour obtenir un produit de qualité, la fermentation des fèves de cacao est une étape primordiale. Car, c’est elle qui libère les « précurseurs » d’arômes.
La conséquence est assez simple : la production haïtienne s’exporte sur le marché américain à un prix très bas, où elle est assemblée avec d’autres origines pour des produits chocolatés ordinaires. Le marché européen qui exige des cacaos fins fermentés boude cette production.

La réponse du commerce équitable
En formant les producteurs de la FECCANO aux techniques de fermentation, le cacao haïtien retrouve ses lettres de noblesse. Là où il était un cacao bas de gamme et ordinaire, il devient un cacao d’exception, un grand cru recherché. Il arrive en France pour la première fois.
Cette qualité est récompensée par un prix bien supérieur, d’autant plus que ce cacao est commercialisé dans le cadre du commerce équitable : la tonne de fèves de cacao n’est plus de 2 300 US $, mais 3 200 US $. Avec le commerce équitable, on passe donc d’une logique extractive à une logique de développement.

Un monopole sur l’exportation qui échappe aux producteurs
Les crises successives qu’a connu le pays, ont fait disparaître un à un tous les exportateurs. Le cacao haïtien reste aux mains de deux exportateurs en situation de monopole régional (95% du cacao exporté) qui se partage le pays en deux.
Bien évidement, la fonction d’exportation échappant aux coopératives : la valeur ajoutée aux producteurs est minimisée. De plus, les hausses actuelles du cours mondial du cacao sont donc très mal répercutées par ces exportateurs et les producteurs n’en profitent pas.

La réponse du commerce équitable
En achetant directement aux à la coopérative, le commerce équitable redonne aux producteurs un rôle essentiel et leur permet de retirer plus de valeur. La FECCANO est la seule organisation de producteurs à exporter directement en Haïti.

Valoriser le cacao, c’est lutter contre la déforestation
Le fléau des campagnes haïtiennes est la déforestation. Pour comprendre l’ampleur des dégâts, l’image satellite de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine dresse un état des lieux sans appel. La raison est simple : le seul combustible accessible en Haïti est le charbon de bois, donc les arbres. A chaque crise de l’économie locale, les paysans s’appauvrissent et sacrifient les arbres qui protègent leur lopin de terre. Les conséquences sont également simples : une érosion alarmante et une fertilité dramatiquement en baisse. La terre fertile de l’île s’écoule dans la mer.
Pour préserver l’environnement, toutes les études pointent la nécessité d’un couvert arboré productif. Autrement dit, rien ne sert de planter des arbres si ces arbres ne procurent pas un revenu aux habitants.

La réponse du commerce équitable
Les cacaoyers, s’ils assurent une source de revenu stable et garanti comme dans le commerce équitable, sont un frein à la coupe sauvage. Les producteurs de la FECCANO pratiquent, ce que les agronomes appellent, l’agroforesterie : une gestion des exploitations agricoles qui intègre les arbres comme vecteur de fertilisation des terres, de préservation de la biodiversité et de lutte contre l’érosion. Quel contraste entre les collines pelées entièrement déforestées et les paysages arborés du cacao ! Une véritable politique du cacao (et du café) serait une réponse à grande échelle de la dégradation de l’environnement en Haïti.

Plus d'infos : www.ethiquable.coop

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