Ce 'soldat noir' qui peut recycler les déchets d'huile de palme
- Création : 28 janvier 2009
Des chercheurs français de l'Institut de recherche pour le développement et leurs partenaires indonésiens ont mis au point un nouveau procédé pour recycler de façon écologique les déchets issus de la fabrication d’huile de palme, de plus en plus utilisée dans l’industrie agro-alimentaire. Leur arme : le 'black soldier', un insecte des forêts, qui mangeront les tourteaux de palmiste avant de servir à leur tour de nourriture dans des fermes aquacoles.
L’Indonésie est l’un des plus gros producteurs au monde d’huile de palme. Problème : cet oléagineux de plus en plus utilisé dans l'agro-alimentaire est une nouvelle source de pollution avec ses 2,3 millions de tonnes de tourteaux de palmiste générés par an qui dégagent à leur tour du méthane en pourrissant sur place. Pour éliminer ces déchets, des chercheurs français de l'Institut de recherche pour le développement, dont le siège est situé à Marseille, et leurs partenaires indonésiens ont mis au point un nouveau procédé de recyclage écologique. Avec pour principal acteur : un insecte des forêts.
Ce "black soldier", de son vrai nom Hermetia illucens, est présent dans toute la zone intertropicale. Il va venir s’insérer comme un véritable maillon d’une nouvelle chaîne de production. Dans un premier temps, les déchets issus des huileries vont être stockés avec de l’eau en lisière des forêts tropicales. Puis, attirées par l'odeur, les femelles diptères vont venir y pondre des oeufs. Qui vont dévorer les déchets lors de leur croissance.
Mais le processus ne s’arrête pas là puisque les larves ainsi gavées vont à leur tour être utilisées, mélangées à du son de riz, pour nourrir les poissons de fermes aquacoles. Une tonne de larves peut ainsi être produite à partir de 2,5 à 3 tonnes de tourteaux de palmiste en trois semaines. "Ce procédé permet à la fois de valoriser les déchets des huileries, appelés tourteaux de palmiste, en les transformant en nourriture bon marché pour les fermes aquacoles mais aussi de produire de l'engrais vert", explique Saurin Hem, le chercheur de l'IRD à l'origine de cette découverte.
"C'est une très bonne initiative qui permet de revaloriser des déchets et d'éviter des émissions de gaz à effets de serre. En revanche, il faut s'assurer que cela s'applique pour des productions durables d'huile de palme et certifiées comme telles" et ne pas aggraver la déforestation, a mis en garde Boris Patentreger, chargé de projet conversion forestière au WWF à Paris. Le procédé doit être mis en place dans le courant de l’année à Sumatra puis à terme en Guinée.
Source : www.europe1.fr