Le Maroc offre sa main d'oeuvre à l'Espagne
- Création : 23 novembre 2008
L’Espagne et le Maroc entretiennent des rapports migratoires particuliers formalisés par des accords de main d’oeuvre saisonnière, notamment dans le secteur agricole. Ces accords, remis en cause aujourd’hui par l’opinion publique espagnole et qui menacent les immigrés réguliers, constituent pourtant un moyen de décourager l’immigration clandestine.
Le Statut avancé qu’a attribué, en octobre dernier, l’Europe au Maroc est le fruit d’une longue histoire politique et économique commune. Le Maroc est, par exemple, depuis le début des années 60, le grenier de travailleurs saisonniers dont ont besoin des pays comme la France et l’Espagne. Mais c’est avec Madrid que cette migration circulaire, un séjour temporaire qui s’accompagne d’un retour programmé, s’est fortement développée à la faveur de la mise en place d’un cadre formel par le biais d’accords.
Dernière manifestation de ce besoin crucial de main d’œuvre : le Programme Aeneas-Cartaya entré en vigueur en 2006. Les agriculteurs de la province andalouse de Huelva, en Espagne, ont conclu un accord porté par la mairie de Cartaya, instigateur de l’initiative, avec les autorités chérifiennes dans le cadre du Programme d’assistance financière et technique aux pays tiers dans les secteurs de l’immigration et de l’asile (Aeneas) initié en 2004 par l’Union européenne. Impact attendu du programme Aeneas-Cartaya : tripler les contingents de travailleurs saisonniers en un an en les faisant passer de 5000 à 6000 en 2006 à 10 à 15.000 en 2007. Pour la campagne 2008-2009, 20.000 ouvrières devraient être recrutées par l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec).
L’agence pour l’emploi gère le partenariat relatif à la main d’oeuvre temporaire sur le territoire marocain. Elle recrute pour les producteurs espagnols des saisonnières dont l’état civil importe beaucoup. « D’un certain âge, elles doivent être mariées et mères, explique Mohamed Khachani, professeur à l’Université Mohamed V Agdal de Rabat et président de l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations ». Ses attaches familiales et son âge font office de garantie. « Le souci des Espagnols, c’est que l’ouvrière revienne ». Par ailleurs, poursuit-il, « les femmes ont une productivité plus importante et n’ont pas envie d’émigrer de façon définitive comme les hommes. »
Falila Gbadamassi - Afrik.com
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