Emmanuel Mony, président de l'Unep
- Création : 26 octobre 2008
La loi Grenelle I a été adoptée ce mardi 21 octobre à l’unanimité. L’occasion de faire le point avec Emmanuel Mony, président de l’Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (Unep), qui milite depuis l’origine pour la prise en compte du végétal dans le projet.
Le végétal, initialement absent du projet Grenelle I, a-t-il finalement eu gain de cause ?
Oui : les députés ont finalement relayé et intégré la question du végétal et de ses bienfaits environnementaux dans le texte, alors que le projet de loi se focalisait au départ surtout sur le bâtiment, l’énergie et les transports. Parmi les motifs de satisfaction des professionnels du paysage, les arbres et les végétaux pérennes sont enfin identifiés comme des moyens de lutte contre le changement climatique. Les végétaux ont en effet la capacité de stocker le carbone. Etant donnés les objectifs ambitieux de réduction des concentrations de gaz à effet de serre fixés au niveau européen, cela devrait nous permettre de voir notre environnement verdir !
Autre occasion de nous réjouir : les députés ont adopté plusieurs amendements en faveur de la recherche et de la prévention des risques. La contribution des végétaux à l’amélioration de l’environnement et de la santé fera l’objet de programmes d’études. Enfin, les techniques de dépollution par les plantes devront être privilégiées pour la réhabilitation de sites pollués, et les aménagements paysagers sont reconnus comme un facteur de maintien des sols et de prévention des risques d’inondation.
Certains amendements liés au végétal ont cependant été rejetés ou abandonnés…
C’est vrai. Les députés ont estimé que la mention « plantation d’arbres et de végétaux pérennes » dans l’article 2 induisait la prise en compte du végétal dans les articles suivants. Mais il est parfois nécessaire d’enfoncer le clou ! Si nous voulons éviter d’éventuelles omissions ou contournements de la prise en compte du végétal et des aménagements paysagers dans la mise en œuvre future du Grenelle, certains amendements complémentaires nous semblaient essentiels. Par exemple, les murs et toitures végétaux n’ont pas été retenus, à ce stade, comme moyens d’améliorer la performance énergétique des bâtiments, alors que leur capacité isolante est avérée et que leur coût élevé justifierait une aide financière. Par ailleurs, même si le paysage est cité dans la réalisation de programmes globaux d’aménagements (art. 8), nous aurions aimé que soit ajouté un article préconisant une étude paysagère préalable et la plantation de végétaux pour toute opération d’aménagement immobilier à caractère commercial.
A présent que le végétal est intégré dans la loi, votre action s’achève-t-elle ?
Non ! Nous n’en avons pas terminé avec le Grenelle. Le végétal est présent dans le texte adopté à l’assemblée, mais nous comptons sur la sagesse des sénateurs pour confirmer cette avancée. Nous espérons également que le Grenelle II permettra de décliner le thème du végétal sous forme de mesures et objectifs concrets. Et derrière les enjeux, la question des moyens est primordiale. Nous devons veiller à ce que les techniques végétales telles que la valorisation des déchets verts, le génie végétal ou encore la phyto-remédiation, soient mentionnées dans les décrets d’application à venir et que les dispositifs fiscaux prévus au projet de Loi de Finances 2009 favorisent les solutions basées sur le végétal. Par exemple, pour démocratiser le recours aux toitures végétales comme solution efficace d’isolation du bâti, ce type d’application doit absolument figurer dans les « bouquets de travaux » envisagés par l’éco-Prêt à Taux Zéro.
Les Français et les décideurs sont persuadés qu’il faut reverdir les villes et l’habitat et remettre le végétal au cœur de nos cadres de vie. Alors pourquoi ne pas traduire ce souhait dans les textes ? La graine du végétal est semée. Il reste à la faire germer !
A propos de l’Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (UNEP) : www.entreprisesdupaysage.org
Source : www.agrisalon.com