Le marché du snacking prend du poids

  • Création : 21 janvier 2016

Déjeuner sur le pouce, grignotage, shopping ou sport pendant la pause déjeuner... Les nouvelles habitudes alimentaires des Français profitent aux professionnels du snacking. Les ventes en grandes surfaces ont en effet progressé de 3% entre juillet 2014 et juin 2015 par rapport à la même période 2013-2014. Cette tendance devrait se confirmer à moyen terme, avec une croissance de 4% par an en moyenne à l’horizon 2018, selon les prévisions des experts de Xerfi.

Les professionnels du snacking récoltent les fruits des investissements de ces derniers mois. Côté confiseries, le géant américain Mars s’assure une place de choix sur le marché grâce à l’installation d’une nouvelle ligne de production et l’extension de son site d’Haguenau (Bas-Rhin) pour un montant total de 40 millions d’euros. Pour écouler les surplus ainsi dégagés, les industriels ont tout intérêt à assurer la visibilité et le référencement de leurs produits. La multiplication des partenariats avec les grandes surfaces alimentaires pour regrouper l’offre de snacking au sein d’un espace dédié est une stratégie incontournable. Ainsi, PepsiCo assure la promotion de ses produits de marque Lay’s, Bénénuts ou encore Quaker Oats en les regroupant au sein d’un même corner dans la plupart des magasins Auchan, Franprix et Monoprix. Les professionnels du snacking peuvent également choisir de s’implanter dans certaines zones de flux (gares, aéroports, etc.) pour doper les ventes, à l’image de Norac qui a récemment conclu une alliance avec la chaîne de cafés Columbus pour promouvoir sa marque Daunature.

Une offre qui monte en gamme

Malgré de belles perspectives d’avenir, le marché du snacking doit encore lutter contre son image associée à la malbouffe. Pour séduire des Français qui désirent manger mieux et plus sainement, les marques doivent poursuivre le virage qualitatif déjà entamé. L’offre n’a en effet cessé de se sophistiquer pour conquérir de nouveaux segments. En témoigne un positionnement haut de gamme revendiqué par des acteurs comme Sibell avec sa marque Exception, qui propose des chips incorporant des miettes de truffes, de cèpes et de morilles fournies par les Truffières de Rabasse (Vaucluse) et son chef étoilé. La montée en gamme concerne également les formats : plus pratiques, ils doivent assurer la mise en valeur des produits. Les professionnels du snacking comptent bien surfer sur la vague du « sans gluten » et « sans allergènes ». Ces produits sont aujourd’hui largement plébiscités, avec une croissance actuelle de 8% à 10% en valeur selon les estimations des experts de Xerfi.

Les opportunités offertes par ce positionnement ne manquent donc pas d’attirer les convoitises. Des marques comme Mondelez International veulent venir marcher sur les platesbandes des quelques acteurs présents sur ce segment. La multinationale américaine ambitionne ainsi de réaliser la moitié de son activité dans le « snacking sain » d’ici 5 ans.

Un jeu concurrentiel quasi inchangé

Face aux industriels, les distributeurs n’ont pas dit leur dernier mot. Ils se lancent eux aussi dans la bataille pour récupérer des parts de marché en misant sur leurs propres marques, qui peuvent totaliser jusqu’à 40% des ventes sur certains segments. Pour preuve, Altho a injecté 23M€ pour construire une usine de production de chips au Pouzin (Ardèche) pour les marques Pomlisse de Leclerc et Bouton d’Or d’Intermarché. Les grandes enseignes se lancent également dans le commerce d’hyperproximité pour promouvoir leurs marques sur le modèle des Daily’Monop de Monoprix, bientôt concurrencés par les établissements Bon App’ de Carrefour.

Pour autant, le paysage concurrentiel ne devrait pas connaître de grand bouleversement. La prime à l’ancienneté joue en faveur des acteurs qui se sont positionnés tôt sur le marché et qui ont su proposer des produits innovants. Par exemple, le groupe Sodebo concentre 40% des ventes en volume des « pasta box », malgré la concurrence des marques de distributeurs et des marques nationales. Face à la rigidité des positions acquises, les acteurs du snacking cherchent à s’engouffrer dans des segments encore inexplorés, à l’image de Danone qui s’est lancé avec succès dans la vente de yaourts ultra-protéinés avec Danio. La marque Michel et Augustin fait toutefois figure d’exception dans le jeu concurrentiel. Créée en 2004, l’entreprise française a connu un développement spectaculaire grâce à un positionnement haut de gamme assumé, une politique d’innovation intensive et une communication atypique et décalée. Avec 44% de croissance en 2014, Michel et Augustin est donc une véritable success story française.

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