Biscuiterie-chocolaterie : un bilan aigre-doux

  • Création : 29 août 2008

De nombreuses entreprises peinent à répondre aux défis imposés par la mondialisation. Depuis quelques années, nos supermarchés ont été inondés par de nouveaux biscuits ou chocolats de provenance étrangère. Leur qualité satisfait le goût de Monsieur Tout le Monde, et leur prix bat tous les records. Si cette donne plaît au consommateur, l'industriel marocain, lui, en subit de plein fouet les conséquences.

Les importations des biscuits et d'autres sucreries augmentent donc régulièrement. Le volume importé est passé de 975 tonnes en 1998 à 7.944 tonnes en 2005.

A ce titre, les concurrents turcs et émiratis deviennent de plus en plus agressifs et visibles sur les étagères. Avec leurs prix plus attractifs, ils ont enclenché un processus de réduction des prix, ce qui a obligé les industriels de diversifier leurs gammes et de s'aligner. Le pari a été réussi puisque les entreprises du secteur ont également amélioré leur chiffre d'affaires, leurs ventes et leurs effectifs entre 2003 et 2005. Certaines ont même réussi à exporter sur les marchés internationaux.

Par ailleurs, force est de reconnaître que le dynamisme des entreprises nouvellement créées a permis au secteur de la biscuiterie, chocolaterie et confiserie (BCC) de mieux se positionner sur le marché national. Depuis le début des années 90, la filière enregistre une croissance annuelle de l'ordre de 17 à 20%. Les entreprises les plus structurées se sont hissées au niveau des références internationales grâce aux investissements réalisés, au recrutement de cadres qualifiés, à la mise en place de procédures de gestion modernes et à une démarche commerciale proactive.

Selon une étude datant de 2006 et réalisée par l'ANPME auprès d'un échantillon d'industriels opérant dans le secteur, les investissements globaux dans la filière de la biscuiterie sont évalués à près de 10,5 millions de dirhams en 2005.
Pour la confiserie, ils sont de plus de 63,4 millions de dirhams. Le secteur employait à fin 2005 près de 5.900 personnes pour un chiffre d'affaires de 2,7 milliards de dirhams.
Toutefois, le secteur demeure fragile et sensible aux aléas de l'environnement social, commercial et économique. De nombreuses entreprises n'ont pas encore achevé la mutation qui leur permettrait de répondre aux défis imposés par la mondialisation.

Et pour cause, des difficultés évidentes qu'on ne viendra que réitérer. La première serait la dépendance excessive vis-à-vis de l'étranger pour les entrants (matériaux d'emballage, conditionnement, etc.). Par ailleurs, le coût de la matière première (notamment le sucre et la farine) ne rend pas la tâche plus facile aux professionnels. Ceci dit, ces derniers payent des droits de douane élevés sur les différents entrants, alors que les sucreries en provenance des pays adhérents aux accords de libre-échange (et spécialement les pays du Golfe) entrent sans payer de droits. Sans oublier les conséquences induites par les produits de la contrebande.

De ce fait, un plan urgent de mise à niveau institutionnelle et industrielle ainsi que de développement est nécessaire. Il devrait permettre de redynamiser l'industrie locale, de fournir des produits nouveaux de qualité à un prix compétitif en permettant au producteur de protéger ses marges, et enfin, d'établir une concurrence saine, loyale et marchande sur le marché national.
Dans ce sens, l'ANPME préconise l'instauration de commissions de coordination entre les professionnels et les pouvoirs publics.

Celles-ci ont pour priorité d'éliminer du marché national les produits et les établissements ne respectant pas les règles de la concurrence saine (sous-facturation, dumping, produits contenant des matières interdites, non- respect des règles d'étiquetage…). Il s'agit aussi de promouvoir l'industrie BCC sur le marché national et à l'export notamment à travers la constitution de consortiums et de GIE. L'association professionnelle AB2C (Association des Biscuitiers, Chocolatiers et Confiseurs) doit aussi monter au créneau en appuyant les entreprises des trois filières.

En attendant que des mesures effectives soient prises, le gouvernement doit penser à limiter les quotas de produits en provenance des Emirats Arabes Unis et éventuellement, d'autres pays signataires des accords de libre- échange comme la Turquie sur une base annuelle à définir en concertation avec les industriels.

Meryem Hammouch
Source : www.lematin.ma

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