Un marché commun agricole de l'Union Africaine en 2009 ?
- Création : 2 juillet 2008
Selon des sources de la presse africaine, nous apprenons que L’Union africaine a fixé 2009 pour l’adoption du traité instituant un marché commun agricole continental...
Force est de constater que, malgré son énorme potentiel agricole, l’Afrique subsaharienne demeure la seule région du monde importatrice nette de produits alimentaires. Ce qui est surtout mauvais en ces temps de crise alimentaire mondiale et son cortège de malheur : aggravation de la faim et de la malnutrition sur le continent. C’était d’ailleurs pour prévenir pareille spirale négative que l’organisation continentale avait préconisé la création d’un marché commun africain de produits agricoles stratégiques, dont l’objectif est de garantir la sécurité alimentaire en Afrique, qui passe par la valorisation des complémentarités entre les différentes parties de l’Afrique.
Pour ce faire, l’UA avait déjà commandité une étude pour en déterminer la faisabilité en analysant les questions juridiques et économiques liées à son établissement, ainsi que les mécanismes politiques nationaux et régionaux susceptibles de promouvoir le commerce des produits stratégiques d’envergure continentale, souligne notre source.
En effet, les résultats de cette étude montrent, entre autres, que ‘’malgré le léger recul de la malnutrition sur le continent ces dernières années (de 36% à 27% entre 1979 et 2005), la production alimentaire par personne ne cesse de diminuer, donc seule issue de secours les importations de produits agricoles qui sont passées de 19 à 23 milliards de dollars entre 1996 et 2005. Bien évidemment, ces importations sont fortement dominées par les céréales (37%), les huiles grasses (11%), les produits laitiers (7,5%), les fruits et légumes (6,4%) et la viande (4,3%).
Mais dans le même temps, l’Afrique exporte aussi de plus en plus, puisque les exportations africaines sont passées pendant la même période de 17 à 21 milliards de dollars, essentiellement constituées de produits de base tels que le café, le cacao et le thé, à hauteur de 51%, les fruits et légumes pour 21% et le sucre, 6%. La balance commerciale continentale demeure donc déficitaire, d’environ 2 milliards de dollars américains.
Même si on n’est pas lotis comme les pays de l’Union européenne, il y a tout de même une bonne nouvelle à se mettre sous la dent, c’est que le commerce intra-africain de produits agricoles se développe. Car, depuis 1995, le taux d’intensité du commerce intra-régional (qui exprime le pourcentage des échanges interafricains dans le commerce global de l’Afrique) a augmenté de près de 45%. Pour les céréales, les exportations interafricaines dépassent 60% pour l’Union du Maghreb arabe (UMA) et 90% pour les autres zones régionales.
On aura donc compris l’instance africaine compte aller veut aller plus loin, ce qui explique qu’elle prône la création d’un marché commun africain de produits agricoles de plus de 944 millions de consommateurs et des importations chiffrées à plus de 20 milliards de dollars par an. Pour ce faire, il est impératif d’instituer une zone de libre-échange portant sur un nombre restreint de produits alimentaires choisis en fonction de leur importance dans le panier alimentaire et de leur rôle dans la balance commerciale de la région (recette d’exportation, importation en grande quantité ou potentiel de production élevé). D’ores et déjà, le riz, les légumineuses, le maïs, les produits laitiers, la viande de bœuf et de volaille, l’huile de palme et le coton ont été identifiés, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement d’Abuja sur la sécurité alimentaire.
Cependant, la mise en place de ce marché commun africain suppose plusieurs préalables d’importance, à savoir :
- l’élimination des droits tarifaires sur les produits agricoles stratégiques ; l’adoption d’un système de nomenclature douanière harmonisé ;
- la suppression des restrictions quantitatives sur les importations de produits agricoles ;
- l’application de mesures de sauvegarde contre les pratiques commerciales illicites
- l’adoption de mesures sanitaires et phytosanitaires harmonisées ;
- l’adoption de normes techniques à l’effet de garantir la qualité et faciliter la production et le commerce ;
- l’intégration du transport dans la stratégie de création du marché commun africain pour faciliter la circulation des personnes et des biens.
Soit ! Mais alors remplir ces préalables quand on sait que la plupart des pays africains sont signataires –ou s’apprêtent à la devenir- des accords de l’OMC ? En tout cas, sans se poser cette question, l’étude de l’Union africaine considère que ce marché commun peut réaliser sous trois variantes.
La première, c’est la libéralisation à l’échelle continentale : les mêmes règles s’appliquant à tous les pays africains.
La deuxième option voudrait que la libéralisation se fasse dans les Communautés économiques régionales (CER), avec des normes et un calendrier identique ; mais cette option souffre de deux tares : elle n’aboutit pas à un marché commun continental et elle laisse entière la question de la double appartenance de pays à plusieurs communautés économiques régionales.
La troisième et dernière variante, ce serait de faire une synthèse des deux premières options, c’est-à-dire que les CER formeraient la base du marché commun, mais une procédure accélérée serait prévue pour les pays qui souhaitent procéder à une libéralisation immédiate des échanges commerciaux.
La feuille de route de l’Union africaine pour la mise en place du marché commun prévoit l’adoption du protocole de création par les chefs d’Etat et de gouvernement en juin 2009. L’adoption du protocole permettait d’accélérer le processus de libéralisation des échanges agricoles dans lequel les communautés économiques régionales sont déjà engagées et qui envisage aussi la libéralisation des échanges au niveau continental, avec l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires pour tous les biens et services en 2019.
Source : www.webmanagercenter.com