Comment les prix des produits alimentaires sont pris de frénésie

  • Création : 10 avril 2008
L'inflation est au cœur des débats politiques dans le monde et au cœur aussi de nos préoccupations en tant que consommateurs. L'envolée vertigineuse des prix des denrées alimentaires sur les marchés internationaux ne cesse de prendre des proportions inquiétantes mettant en péril le pouvoir d'achat de l'ensemble des habitants de la planète. Et rien ne permet de penser qu'il s'agit d'un phénomène temporaire.

Plus 287% pour le blé, plus 149% pour le maïs. Même chose pour le riz, le soja, le lait. Aucune matière première alimentaire n'est épargnée par la flambée des prix sur les marchés internationaux. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces hausses ne sont pas forcément infondées. Plusieurs facteurs structurels permettent de comprendre le pourquoi. Il y a tout d'abord le doublement de la population mondiale, entre 1965 et 2005, alors que dans le même temps, les surfaces agricoles n'augmentaient que de 9%.

Deuxième élément, le changement des habitudes alimentaires dans des pays émergents comme la Chine ou l'Inde. On y mange plus de viande, il faut donc plus de bétail et plus de maïs, de blé et de soja pour les nourrir, et davantage de surfaces cultivées. Troisième élément, la vogue des biocarburants en Europe et aux Etats-Unis. Là aussi des matières premières agricoles sont détournées de nos assiettes.

Au total il y a donc une tension très forte entre la demande et l'offre, ce qui fait monter les prix. Le cocktail est donc connu. Il est déjà à l'œuvre avec le triplement connu du prix du blé en trois ans ; ou dans l'appréciation de 80% du soja en une année. Des besoins alimentaires de plus en plus importants.

La faute aux vils spéculateurs ? Pas si simple que ça. L'exemple du riz fournit une meilleure explication du phénomène. Peu traitée sur les marchés à terme - seules 7% des récoltes font l'objet d'échanges internationaux, contre 20% du blé et 30% du soja - cette céréale reste moins "polluée" par des facteurs financiers. Et pourtant, son prix a presque doublé en six mois pour dépasser les 500 dollars la tonne alors qu'il avait été épargné par la bulle jusqu'en septembre dernier. Certes, au cours des dix dernières années, la production mondiale de riz  n'a crû que de 0,5% par an, quand les besoins enflaient de 1%. Mais cette toile de fond n'explique pas toute l'envolée. "Le problème majeur vient de l'interruption des exportations par les grands producteurs, à commencer par le Vietnam et l'Inde", explique Patricio Mendez del Villar, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Afin d'éviter une inflation du riz trop importante sur leur marché intérieur, ces pays décrètent l'embargo sur les cargaisons partant à l'international, de plus en plus tôt dans la saison. "Premier exportateur, le Vietnam, qui avait exporté neuf mois en 2006 pour s'arrêter en septembre, a arrêté l'an dernier dès juillet", pointe Patricio Mendez del Villar. L'Inde a suivi trois mois plus tard. Autant de chocs créant "une crise de confiance parmi les pays importateurs, qui redoutent de voir leurs besoins insatisfaits à l'avenir", poursuit le spécialiste. Des craintes amplifiées par le fait que les stocks - lourdement mis à contribution ces dernières années - sont au plus bas depuis 30 ans. Résultat, les Philippines, l'Indonésie ou le Nigeria se mettent actuellement à acheter par précaution, en dépit de la hausse des cours et alors que la saison débute, accroissant ainsi la fébrilité de tout le marché.

Source : www.lemaghrebdz.com

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