La vente alimentaire directe, une dynamique en progression en Europe
- Création : 26 mars 2008
La vente directe est "une dynamique européenne et mondiale en nette progression dans les pays les plus riches", a résumé Clive Peckam, en ouverture mardi des premières assises bretonnes de la vente directe à Saint-Brieuc.
Directeur britannique d'AlimenTerra, une ONG européenne pour une agriculture solidaire et durable, M. Peckam a multiplié les exemples de cette évolution des échanges alimentaires dans les pays occidentaux: vente directe (essentiellement de produits maraîchers, viande et volailles, produits laitiers, etc...) dans un rayon géographique limité à quelques dizaines de kilomètres.
A l'acte d'échange s'ajoute une solidarité active. Sous des formes plus ou moins souples, les consommateurs, assurés d'une garantie sur la fraîcheur et la qualité de production des aliments fournis, s'engagent pour une durée déterminée à l'achat de ces "paniers" alimentaires, fréquemment pré-payés. Ceci permet à l'agriculteur d'assurer son revenu sans être tributaire des variations des cours ou des pressions de la grande distribution.
Cette évolution fait suite à la période 1960-70 qui a vu une réduction considérable en Europe des circuits traditionnels de distribution au profit des grandes et moyennes surfaces, avec des effets négatifs collatéraux sur l'emploi.
L'Italie a suivi, "90% de ses exploitations étant dans l'incapacité d'entrer en concurrence avec la grande industrie agricole européenne" du fait de la configuration du pays.
Le mauvais élève de l'Europe est devenu l'Irlande, "le pire en terme de concentration agricole", un pays où "le secteur du maraîchage a pratiquement disparu".
En Grande-Bretagne, après les crises de la vache folle et de la fièvre aphteuse, les problèmes de santé (obésité, maladies cardio-vasculaires), l'un des points forts en matière de politique alimentaire a été de rétablir des liens entre producteurs et consommateurs.
"Dans ce pays, il y a 10 ans, personne ne parlait du développement durable ou de la vente directe, mais ça s'est considérablement développé ces dernières années", témoigne le directeur d'AlimenTerra, citant divers exemples novateurs
au Pays de Galles, dans le Dorset (sud) ou dans l'est de l'Angleterre.
Malgré la pléthore d'initiatives exposées à Saint-Brieuc, les chiffres sur ce phénomène, auquel adhèrent également des producteurs non bio, restent difficiles à réunir. En France, "la part de la consommation en vente directe est estimée à environ 3%" en Rhône-Alpes ou Hautes-Pyrénées, selon le Civam, fédération d'exploitations durables et solidaires. Un peu moins en Bretagne, longtemps fer de lance d'une agriculture intensive.
Mais, regrettent les organisateurs, les producteurs en vente directe reçoivent trois fois moins d'aide publique que les exploitations conventionnelles et créent davantage d'emplois.
Source : www.agrisalon.com