« Augmentation des prix des céréales... quelles conséquences pour la filière porcine française ? »

  • Création : 10 septembre 2007
L'augmentation effrénée des prix des céréales depuis la récolte de l'été 2006 dans l'hémisphère nord, pose le problème de l'augmentation des coûts de production dans les élevages de porcs. Elle pose également et surtout un problème de fond car cette évolution inflationniste correspond à une mutation du marché des céréales qui va obliger les filières utilisatrices à s'adapter.

Le déséquilibre entre l'Offre et la Demande en céréales constaté en 2007, laisse augurer pour les années à venir un prix élevé. Ceci va engendrer une concurrence âpre des utilisateurs que ce soit en alimentation humaine et animale ou en utilisation industrielle (biocarburant). Face à la pénurie de l'offre et une demande toujours croissante, de nouveaux équilibres sont à trouver et de nombreuses inquiétudes demeurent quant au positionnement des uns et des autres.

Pour les élevages de porcs, la part de l'alimentation représente 66 % du coût de production de la viande de porc. Il faut à peu près trois kilogrammes d'aliment (dans lequel les céréales représentent 70% des ingrédients) pour produire un kilogramme de viande. Ainsi sur les 1,57 euros nécessaire pour produire un kilogramme de viande de porc, l'alimentation représente 1 euros.

Au vu de cette inflation sur le prix de l'aliment, il est apparu important à l'interprofession nationale porcine « INAPORC » de pouvoir analyser les raisons de cette situation inflationniste et surtout ses conséquences sur les différents opérateurs de la filière porcine française.

Même si le phénomène est mondial, il est évident que les filières utilisatrices de céréales ne sont pas sur le même pied d'égalité. Cette épreuve de leur compétitivité se traduira dans un avenir plus ou moins proche par de nouveaux équilibres économiques au sein desquels la filière porcine française risque de perdre des positions.
La mondialisation est plus que jamais au cœur de l'économie.

- Le marché des céréales : inflation
Depuis la récolte de 2006 dans l'hémisphère nord, on observe une augmentation très importante des cours des céréales.
D'un prix moyen se situant autour de 120 euros par tonne durant l'été 2006, les cours ont largement dépassé les 200 euros par tonne au cours de l'été 2007, soit une hausse de plus de 70 %.

- Les raisons de cette évolution
La hausse observée des prix des céréales est due à un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le plan mondial.
De tels déséquilibres avaient déjà été observés par le passé, mais à la différence de la situation de 2007, nous ne disposons pas des mêmes outils de régulation.

La baisse de l'offre en céréales s'explique principalement par deux facteurs :
Le premier qui est de loin le plus important, correspond à une mauvaise récole dans plusieurs pays producteurs. Dans l'hémisphère sud, l'Australie en début 2007 a eu de mauvais rendements. Dans l'hémisphère nord, durant l'été 2007, les pays de l'ouest de l'Europe (France) ont eu une mauvaise récolte, ainsi que les pays de l'Europe centrale et orientale (Ukraine). En Amérique du Nord, le Canada a également enregistré une baisse de son niveau de production de blé. Sur le plan mondial, les estimations de production de 2007 ont dû être revues à la baisse étant donné une météo peu clémente pour une bonne récolte.

Le deuxième facteur est lié aux stocks stratégiques des pays :
Depuis quelques années, les principaux pays développés ont fait le choix politique de diminuer leurs stocks stratégiques pour des raisons essentiellement budgétaires. Ceci est particulièrement vrai de la part de la Commission Européenne.
Ainsi, fin août 2007, les stocks mondiaux disponibles ne permettraient de couvrir qu'une cinquantaine de jours de besoins. Ce niveau n'a jamais été aussi bas.
Face à cette situation, il est évident qu'un facteur plus psychologique doit jouer de la part des utilisateurs. En effet, craignant de ne pas couvrir leurs besoins dans le temps, ils auraient tendance à surenchérir pour disposer de stocks suffisants pour réaliser leur activité plus sereinement.

Pour conclure, il est important de souligner les points suivants :

- Les hausses constatées au stade de l'alimentation animale doivent pouvoir être répercutées jusqu'aux consommateurs de façon à ne pas perdre une partie de la production porcine française. Dans le cas ou cette perte de production surviendrait, elle engendrerait une baisse de l'offre avec une inflation non maîtrisable sur les prix de la viande.
- Cette situation conjoncturelle difficile risque de redéfinir la répartition géographique de la production porcine à l'échelle mondiale, et la France doit se garantir pour garder une autonomie alimentaire en matière de viande de porc.
- Pour la pérennité des élevages et de la filière, il est fondamental de développer des systèmes d'assurance et de couverture des risques afin d'essayer d'atténuer aux mieux la volatilité des prix. La contractualisation doit également permettre de mieux stabiliser les marchés.
- Dans ce contexte inflationniste sur le prix des céréales, il est nécessaire d'ouvrir le débat sur l'utilisation des graisses animales (graisses issues des carcasses estampillées propre à la consommation humaine) dans l'alimentation animale pour les espèces porcine et avicole.
- Il est primordial dans le court et moyen terme de trouver de nouveaux marchés pour la viande de porc afin de permettre de meilleurs équilibres Offre Demande garants d'une meilleure tenue des cours du porc. Des possibilités semblent s'offrir en Chine et il est important de les étudier.

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