Le diktat des revendeurs
- Création : 6 septembre 2006
Exposée des heures durant au soleil et à la poussière du fait surtout de la proximité des étals des voies routières, la marchandise trouve malgré cela preneur. Mais a-t-on vraiment le choix ? Car même à l'intérieur des marchés « autorisés », la situation n'est pas des plus reluisantes.
Au marché de Aïn Naâdja, comme partout ailleurs, les étals des poissonniers disputent l'espace à des égouts éclatés, dans l'indifférence généralisée et ni les odeurs putrides ni la carence en propreté ne semblent pouvoir dissuader une clientèle de plus en plus nombreuse et de loin peu exigeante en matière de respect des normes d'hygiène.
Aux marchands ambulants de poissons, s'adjoint depuis quelque temps une noria de vendeurs informels qui quotidiennement prennent position sur les axes routiers, (route Aïn Taya-Rouiba ou la RN24, reliant Bordj El Bahri et El Marsa), et les importants carrefours (Qahouat Chergui), où il y a très souvent des barrages des services de police et de gendarmerie, indifférents à ce commerce illégal et dangereux et pour la santé des consommateurs et pour les usagers de la route. Comme c'est le cas, nous le signale-t-on, des revendeurs de Bordj El Bahri qui squattent un accotement.
« Nous tolérons la vente de poisson jusqu'à midi, pas au-delà », nous répond le DCP d'Alger, M. Lamari. Il admet toutefois que la réalité soit tout autre et que la « responsabilité » n'incombait pas uniquement aux agents de la DCP « insignifiants en nombre » et incapables, sans le soutien de la force publique, d'effectuer « seuls » la saisie de ce type d'aliments. La triche sur celui-ci est aussi monnaie courante.
Une des pratiques relevées par un consommateur : le « mélange » poisson frais, poisson « congelé ». Un acte qui, dit-il, a eu de fâcheuses répercussions sur la santé de sa famille. « On a frôlé le pire une fois, quand mes enfants avaient consommé ce poisson. » Toute la famille avait été intoxiquée, se souvient-il.
A la pêcherie d'Alger, emplacement « référentiel », s'il en est, de la vente des produits de la mer, et où pêcheurs, mandataires et détaillants se rencontrent autour des prises du jour, la tendance n'est pas encore aux équipements appropriés, tout se vend comme « autrefois ». Point de présentoirs, mais des étalages à l'ancienne. Le tenancier d'un des commerces soutient néanmoins que son local est équipé de frigos pour conditionner l'invendu. « En plus, fera-t-il remarquer, nous avons l'habitude de vendre uniquement du frais. »
A quelques mètres de ces mêmes commerces, un jeune revendeur expose à l'air libre une caisse orpheline de sardines et de poisson blanc. « J'ai été contrôlé une fois par la police, mais je n'ai pas d'autres choix que d'y revenir, c'est mon seul gagne-pain », se défend le revendeur. Pour le directeur du commerce de la wilaya d'Alger, M. Lamari ce type de commerce entre d'abord dans le cadre de l'informel.
Ces activants n'ont donc pas de registre du commerce et exercent en toute illégalité.
Le développement de ce phénomène n'a été rendu possible, d'après ce même responsable, que par les citoyens et les autorités locales, directement « responsables », selon lui, de la multiplication des points de vente sauvage et des vendeurs ambulants.
Les bureaux d'hygiène communaux ne remplissent aucunement leur rôle, dit-il. Des BHC dont fait partie justement la DCP.
Pour le responsable du commerce de la wilaya, le citoyen « encourage » indéniablement ces pratiques dangereuses pour la santé publique de par ses habitudes de consommateur « peu regardant » sur la qualité du produit qui lui est présenté.
Pour contenir le phénomène, la direction du commerce table, d'après M. Lamari, sur le programme de construction de marchés couverts et de proximité à travers les communes de la capitale, un programme qui semble pour le moment loin de répondre à l'urgence de l'heure.