Eriad-Sétif souhaite racheter ses actions
- Création : 22 août 2006
Les 5 200 actionnaires détenteurs des 20% du capital d'Eriad-Sétif sont invités, à partir du 30 juillet et jusqu'au 18 septembre, à se rapprocher des agences des six banques publiques (BNA, CPA, BADR, BDL, BEA et CNEP) pour y déposer soit leurs certificats d'actions, soit le récépissé des titres dématérialisés élaborés par le dépositaire central des titres «Algérie Clearing», a expliqué hier, la responsable de la cellule Bourse auprès de cette entreprise, Mme Salima Bouras, à l'APS.
En effet, et afin de récupérer ses actions, le groupe agroalimentaire Eriad-Sétif vient de lancer une offre publique de retrait des actions acquises par des personnes physiques et morales lors de la privatisation partielle de l'entreprise en 1999.
Cette mesure a été décidée dans la perspective de la récupération de la part du capital déjà cédée de l'entreprise en vue de sa privatisation totale.
L'offre publique de retrait, qui consiste simplement à racheter les actions auprès de leurs propriétaires, avait été autorisée en mai dernier par la Commission de surveillance des opérations en Bourse (COSOB) suite à une résolution d'une assemblée générale extraordinaire d'Eriad-Sétif.
Les raisons du lancement de cette offre publique sont multiples, selon la même responsable qui a mis en exergue la mauvaise situation financière d'Eriad-Sétif qui ne répond plus aux conditions et critères exigés pour la cotation en Bourse, suivie de la nature du mode de privatisation d'Eriad-Sétif, lequel «prévoit une privatisation ‘‘par le bas'' [cession des filiales] et non pas une démarche ‘‘par le haut'' [privatisation du groupe en tant que tout], ce qui a nécessité le regroupement du capital par le rachat des actions déjà cédées».
Un processus de privatisation qui est aujourd'hui remis en cause quelque sept années après son lancement.
Cette opération concerne la récupération de pas moins d'un million d'actions du groupe agroalimentaire qui se répartissent entre des actionnaires composés d'investisseurs institutionnels (banques et compagnies d'assurances), de personnes morales (entreprises privées) et de particuliers.
Le groupe, qui a vendu l'action à 2 300 dinars en 1999, la reprend sept années plus tard à 1 500 dinars ! Soit un écart de 800 dinars. La même source ajoute qu'«une fois le ramassage des actions achevé et leur validation par la Société de gestion de la Bourse des valeurs (SGBV) effectuée, les actionnaires percevront, par virement bancaire, la somme correspondant au nombre et à la valeur des actions cédées».
A ce sujet, Mme Bouras expliquera que «l'actionnaire ne saurait subir des pertes puisqu'il percevait jusque-là des dividendes de 800 dinars par action et par an sur la période allant de 2000 à 2002». Justement, insiste-t-elle, «le prix du rachat des actions a été fixé en fonction du montant des dividendes perçus afin d'éviter aux actionnaires des pertes financières injustifiées».
Il est utile de rappeler que sur les dix filiales que compte Eriad-Sétif, seule celle de Touggourt a vu son dossier de privatisation quasiment finalisé avec «un repreneur du secteur privé». «Quant aux neuf autres, elles recueilleraient un nombre important de demandes provenant de sociétés privées du secteur agroalimentaire et les négociations en vue de leur cession ont déjà été entamées», a souligné le même cadre.
Outre le nombre insignifiant des titres cotés, quatre actuellement, et la faiblesse des taux de rendement des actions (en dessous des taux d'intérêt servis par les banques), il avait estimé que les évaluateurs avaient, à l'époque, occulté ou lourdement sous-estimé l'extraordinaire boom qu'allait connaître l'activité de minoterie avec la création d'entreprises privées concurrentes.
Ce marché, fortement concurrentiel, s'était traduit pour Eriad-Sétif par le passage d'un résultat bénéficiaire de 2 milliards de dinars en 2000, année de sa première cotation en Bourse, à des pertes estimées à environ 1,5 milliard de dinars en 2005.
Selon les chiffres avancés par le même responsable, l'activité de la Bourse d'Alger est passée de 108 millions de dinars, en 1999, à 720 millions de dinars, en 2000, avant d'amorcer une chute vertigineuse des transactions boursières jusqu'à atteindre, en 2005, le niveau insignifiant de 4 millions de dinars.