Le Crédit Agricole réoriente sa stratégie
- Création : 3 août 2005
Le Crédit Agricole, après avoir revu sa copie et élaboré une nouvelle stratégie, est passé à la phase d'exécution. Un travail de fond est aujourd'hui finalisé dans deux directions pour ce qui est du business avec les agriculteurs : assainir la situation actuelle et revoir le produit à l'adresse de cette clientèle.
D'abord, la banque a compris que continuer à poursuivre la partie insolvable de sa clientèle en nourrissant l'idée d'être payée un jour, est une chimère. C'est ainsi qu'elle a tout simplement renoncé à la dette sur 100 000 agriculteurs. Ces derniers présentent globalement un profil commun : ils possèdent une exploitation de moins de
Le potentiel de clientèle non encore touchée est estimé à 330 000 exploitations. Cette opération qui a concerné, en grande partie, les crédits consolidés en 2000, était annoncée et ce n'est qu'à la mi-juin que la mesure a été validée après son approbation par le conseil de surveillance de l'institution. Désormais, le Crédit Agricole s'est débarrassé de la gestion d'un dossier épineux, que les politiques lui avaient légué plusieurs décennies auparavant.
Concernant le produit lui-même, la banque a réalisé que, pour financer l'agriculteur, il faut le considérer comme une entreprise. Auparavant, l'exploitant agricole approchait sa banque, en plusieurs temps et selon la nature de l'opération qu'il voulait financer. Ainsi, il demandait un crédit pour entamer la campagne, un deuxième pour l'achat du bétail ou encore un autre pour financer l'achat d'aliments du bétail. Aujourd'hui, une telle démarche est abandonnée et l'agriculteur doit ficeler un dossier global, comprenant un crédit revolving sur cinq années.
Pourquoi un crédit global et pourquoi une période de cinq ans ? Un crédit global parce que l'exploitation est perçue comme une entité économique, selon, par exemple, la nature de la culture et des activités d'appoint comme l'élevage, dans ses différentes formes, avec des besoins sur une durée donnée. Le choix d'une période de cinq années, lui, s'explique par des données statistiques. En effet, le Crédit Agricole a établi que, sur les 48 dernières années, sur cinq années consécutives, deux campagnes sont jugées bonnes, deux autres mauvaises et la cinquième est généralement «mi-figue mi-raisin». C'est sur cette base qu'est désormais conçu le produit destiné aux agriculteurs. D'une part, le financement de l'agriculteur est perçu comme une opération d'une activité économique qui se situe sur une durée, et, de l'autre, l'aléa climatique est intégré dans la donne. Mieux encore, le crédit est géré en compte courant, évitant les frais de retard et excluant toute poursuite. Le tout en un dossier unique, plus flexible et renouvelable.
Pour accompagner cette nouvelle approche, l'activité de conseil est renforcée. Pour ce faire, 240 chargés de clientèle ont suivi une formation appropriée. Et puis le producteur de céréales, notamment, se voit proposer des formules de reconversion dans des cultures plus rentables et moins consommatrices d'eau, comme l'olivier, le caroubier ou encore le cactus...
Enfin, l'autre cheval de bataille pour la banque est l'accompagnement dans le financement de la mécanisation, le pays marquant un retard notoire sur la question.