Pêche : Des records… et des incohérences
- Création : 18 mars 2009
L’année 2008 a connu un record des captures de poisson, plus d’un million de tonnes pêchées. C’est le troisième pic enregistré depuis le retrait de la flotte européenne des zones de pêches marocaines. Tous segments confondus, le niveau global des captures s’est établi à plus d’un million de tonnes et le chiffre d’affaires généré s’est élevé à près de 7,9 milliards de DH. Ces performances ont été généralisées aussi bien à la pêche côtière et artisanale qu’à celle dite hauturière.
Pour la première, que supervise l’Office national des pêches (ONP), les débarquements de poissons ont totalisé 779.380 tonnes en 2008, en augmentation de 15% par rapport à l’année précédente. La contre-valeur est d’environ 4,3 milliards de DH. Montant en amélioration de 22% en comparaison avec l’année 2007 qui a enregistré un chiffre d’affaires de près de 3,5 milliards de DH. La pêche hauturière quant à elle a réalisé des performances beaucoup plus prononcées. Les quantités pêchées se sont inscrites en progression de 24% et les recettes d’environ 38% pour se situer à 3,4 milliards de DH.
Sardines et anchois importés
Pour positifs qu’ils soient, ces résultats renferment des dysfonctionnements, compte tenu des objectifs stratégiques assignés au secteur dans sa globalité. Tout d’abord, les débarquements destinés à la branche de la conserve affichent un trend baissier dont la tendance s’accentue d’année en année. De 158.300 tonnes en 2005, les livraisons faites à cette branche sont passées à 137.500 en 2007 et à 122.700 tonnes l’année dernière. Sa part qui représentait plus de 20% dans le volume global des prises de la pêche côtière et artisanale est ainsi tombée à un peu plus de 15%. Or, cette industrie dispose d’une capacité traitement de l’ordre de 300.000 tonnes et exporte sur les quatre continents. Pourtant, comparé à 2007, le volume des prises de la sardine enregistrées l’année passée s’annonce en augmentation de 27%. Ce petit poisson représente la matière première la plus utilisée par les conserveurs marocains. Aussi ne faut-il point s’étonner de constater que certains opérateurs importent sardine et anchois pour honorer leurs engagements auprès de leur clientèle.
La même tendance à la baisse est observée pour les captures destinées à la consommation intérieure. Et c’est ce qui explique la rareté et la cherté du poisson sur les places de commercialisation. Ce débouché qui accaparait quelque 47,5% de la production n’en détient aujourd’hui que moins de 40%.
Parallèlement, l’industrie de la farine et huile de poisson a presque doublé son approvisionnement entre 2005 et 2008. De 138.200 tonnes, il y a quatre années, les livraisons faites à cette activité sont passées à 260.000.
Pourtant l’enjeu est de taille. Le secteur marocain des pêches occupe une place primordiale dans le développement du pays. Il contribue pour près de 3% du PIB et participe pour 16%
aux exportations. Trois segments de pêche se partagent l’exploitation des ressources halieutiques marocaines: artisanale, côtière et hauturière. Pas moins de 25.000 embarcations sont recensées pour le premier segment. La flotte côtière compte quant à elle environ 2.500 unités. Celle-ci, quoique caractérisée par un niveau faible de technicité, joue un rôle très important en termes de fournisseur du marché local du poisson frais et des conserveries.
Enfin la pêche hauturière opère avec un peu plus de 440 unités. Cette flotte cible les céphalopodes (poulpe, seiche et calmar) et sa production est exclusivement orientée vers l’exportation. Exportation effectuée en totalité à l’état frais ou congelé. Cependant, plus de 70% des prises de la pêche côtière et artisanale subissent une transformation industrielle. Avec une part de plus en plus importante, dédiée à l’industrie des sous-produits (farine et huile de poisson). Selon certains milieux professionnels, le choix est délibéré. Dans la mesure où il permet une revalorisation des prix de la sardine aussi bien de la part destinée à l’industrie qu’à celle commercialisée sur le marché de bouche.
A. G.
Source : www.leconomiste.com