Production et marchés laitiers, quelle organisation demain ?
- Création : 17 avril 2008
Un contexte politique difficile
Les quotas laitiers auront disparu le 31 mars 2015. Les outils de régulation de l'Union européenne (restitutions, intervention, etc.) sont gelés. La Commission européenne veut les faire disparaître. Les secteurs laitiers européen et français vont donc être exposés aux aléas des marchés mondiaux.
Or, la filière laitière (producteurs et transformateurs) est une industrie lourde. Les cours erratiques, à la hausse comme à la baisse, la fragilisent.
Les américains, eux, l'ont très bien compris : ils ne démantèlent pas leurs outils de régulation, voire les renforcent, comme cela a été expliqué au cours de la table-ronde par Jean-Christophe Debar Directeur Général de Agri US analyse.
Enfin, les charges pour produire le lait (énergie, alimentation animale...) sont durablement orientées à la hausse. Le prix du lait européen devra donc se tenir à un certain niveau pour que les producteurs ne quittent pas ce métier.
Gérard Budin, a défendu la conviction partagée par beaucoup que dans ce contexte il est nécessaire de conserver en Europe un minimum d'instruments de régulation public, comme le demande la France. Il faudra sans doute aussi inventer de nouveaux outils à caractère privé, répondant aux enjeux de demain : approfondissement de la contractualisation entre les entreprises et les producteurs, élargissement du rôle de l'interprofession, création d'outils de gestion de risques et de crises, fonds d'investissements professionnels...
Le modèle coopératif dans cette nouvelle donne
Le Président Budin a aussi rappelé la spécificité, les atouts et les valeurs de la coopération, levier privilégié et incontournable dans la nouvelle donne. « Les coopératives sont un modèle de développement durable ». Avec la disparition des quotas, il faudra mettre en place un système de contrats. Or le modèle coopératif est un véritable « laboratoire » de la contractualisation. Les coopératives laitières ont donc des atouts évidents pour conjuguer les besoins des producteurs, la rentabilité des outils industriels et les attentes de la société.
Enfin, le Président Budin a conclu son propos en rappelant sa position au sujet de la loi de modernisation de l'économie et qu'« il n'est pas raisonnable d'autoriser la négociabilité des conditions générales de vente et de tarifs, sans aucune contrepartie, car on ne négocie pas contre rien ».
Cette position est par ailleurs partagée par l'ensemble des professions agroalimentaires et agricoles, tous secteurs et tailles confondus. Gérard Budin a donc partagé ses doutes quant aux bénéfices pour les consommateurs si la concurrence entre enseignes était insuffisante.