Le thon rouge traqué en Méditerranée

  • Création : 26 mars 2008
Pilier de la pêche méditerranéenne, le thon rouge a de plus en plus de difficultés à soutenir le rythme imposé par des pêcheurs toujours plus nombreux. Traquée depuis de nombreuses années, l'espèce peine à faire face aux nouveaux quotas de prises établis par la Commission Internationale pour la Conservation des Thons d'Atlantique (CICTA).En 2007, le WWF s'alarmait déjà de l'élévation de ces taux jugés excessifs élevés par rapport au stock disponible. Ainsi, l'année passée, on autorisait la capture de 29 500 tonnes, dont près de 16 780 tonnes uniquement à destination de l'Union européenne.

L'ONG reprend aujourd'hui la parole en dénonçant l'accroissement de la flotte européenne de thoniers senneurs, celui-ci ne pouvant qu'être synonyme d'une intensification des activités de pêche. L'arrivée sur le marché de ces navires pourrait achever d'épuiser la réserve de ces poissons, qui somme toute n'est pas infinie.L'acquisition de ces bateaux est par ailleurs en parfaite contradiction avec la nouvelle législation, puisqu'il faudrait au contraire revoir leur nombre à la baisse pour respecter les quotas de l'année en cours. D'après l'enquête menée auprès des principaux fournisseurs européens, l'Italie devrait théoriquement réduire son armada de 17 navires, la France de 15 et l'Espagne de 2. En réalité, les scientifiques estiment qu'il faudrait ordonner la suppression de 31 bateaux pour l'Italie, 23 pour la France et 4 pour l'Espagne pour simplement assurer la survie du thon rouge.

Cette pression des lobbies de la pêche est d'autant plus inquiétante qu'elle se cumule à une filière illégale d'exploitation, en pleine expansion ces dernières années. En effet, l'augmentation des coûts d'entretien de bateaux de plus en plus modernes incite leurs propriétaires à développer leurs activités de manière clandestine.Aussi, l'UE a été menée à renforcer ses contrôles. Sur mer, treize grands patrouilleurs et 38 patrouilleurs côtiers de taille plus réduite vont croiser durant la saison pour faire la chasse aux fraudeurs. Ils seront épaulés par 16 avions. Quatorze campagnes en mer sont programmées pour un total de 160 jours de patrouille. Des inspections renforcées sont aussi prévues dans les principaux ports. Au total, plusieurs dizaines d'inspecteurs, tant nationaux qu'européens, seront mobilisées.Ce plan réunit les ressources des sept pays européens les plus concernés par la pêche au thon rouge: la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre et Malte.Géant mondial de la pêche au thon rouge atlantique avec l'Espagne et l'Italie, la France promet une “tolérance zéro” à ses pêcheurs pour la saison 2008 qui débute fin mars, après des années de laxisme et de surpêche de ce poisson, roi des sushis.“Cette année, nous avons un quota de 4 775 tonnes et nous pêcherons 4 775 tonnes. Ceux qui pêcheront un thon de plus le sentiront passer en termes de sanctions. En 2008, c'est tolérance zéro”, a déclaré le directeur des pêches Christian Ligeard.

Tancé par Bruxelles, comme l'Italie, Paris doit être irréprochable après avoir “explosé” son quota 2007 pour ce poisson qui, malgré son nom, se pêche principalement en Méditerranée : 10.000 tonnes pêchées pour 5.593 autorisées.Ce dépassement serait dû en partie à des fraudes: six thoniers-senneurs du Languedoc (sud) font actuellement l'objet d'une enquête judiciaire. La France, qui dépasse son quota depuis des années, doit annoncer jeudi la répartition des 4.775 tonnes par bateau.Car le thon rouge, qui se vend très cher au Japon, aiguise les appétits. Les pêcheurs français ont touché de 5,50 à 6,50 euros le kilo en 2007 contre 2 euros pour le merlan.Les dépassements de quota font hurler l'UE et les défenseurs de l'environnement, alors que les scientifiques mettent en garde contre un effondrement des stocks.De nombreux acteurs impliqués dans le contrôle de la pêche ont confirmé à l'AFP des “libertés” accordées aux thoniers-senneurs.“Les pêcheurs doivent remettre leurs déclarations de capture au plus tard 48 heures après le débarquement. Ils le font, mais une semaine ou deux plus tard”, ce qui rend impossible un suivi du quota en temps réel. “Il n'y a cependant eu aucune sanction” jusqu'en 2007, relève un des acteurs du contrôle, sous couvert de l'anonymat.Le contrôle de cette pêche internationalisée s'avère compliqué: les senneurs pêchent aux Baléares ou en Libye et transbordent leurs poissons en mer pour qu'ils soient transportés vers des cages d'engraissement, en Croatie ou à Malte entre autres.

Source : www.lemaghrebdz.com

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