L'UE lance une réforme de son secteur viticole en crise

  • Création : 21 décembre 2007
Les ministres européens de l'Agriculture sont tombés d'accord mercredi pour lancer une réforme du secteur viticole en crise dans l'UE, afin de le moderniser face à la concurrence des vins du Nouveau Monde, a annoncé la Commission européenne.

Le compromis, trouvé au terme de trois jours de négociations à Bruxelles, a fortement édulcoré la proposition initiale de la Commission européenne.
Mais ses principaux volets - arrachage volontaire de vignes et libéralisation des droits à les planter dans dix ans au plus tard - auront un énorme impact sur le monde de la viticulture. Il souffre d'une surproduction chronique, est victime d'une baisse de la consommation européenne et perd des parts de marché face aux vins dits du Nouveau Monde (Australie, Afrique du Sud, Amérique du Sud, Etats-Unis).

Ainsi les droits de plantation, qui sont aujourd'hui strictement réglementés, seront complètement libéralisés à fin 2015. Le compromis final a permis de repousser de deux années supplémentaires cette échéance. Toutefois, les restrictions à la plantation de ceps pourront être maintenues par les pays qui le souhaitent - c'est le cas de la France surtout - jusqu'à fin 2018.

Les viticulteurs européens craignent que cette libéralisation conduise à remplacer les petits vignerons peu performants par des gros producteurs peu préocuppés de qualité, et de conduire à une " industrialisation " de la vigne aux dépens des traditions de terroir.

L'accord prévoit aussi l'arrachage, à titre volontaire, de vignes dans les zones sans débouchés suffisants. Au total, 175.000 hectares sont concernés sur trois ans (Bruxelles souhaitait à l'origine 400.000 hectares et avait une
première fois ramené son objectif à 200.000 hectares).

Le système actuel d'aide à la distillation de crise, qui permet de transformer les stocks invendus de vin en alcool à destination de l'industrie ou des biocarburants, sera prorogé de quatre ans. Mais il ne sera pas ensuite complétement supprimé, contrairement à ce que voulait la Commission dans un souci de lutter contre la surproduction.

Pendant quatre ans, jusqu'en 2011/12, les pays pourront encore puiser dans les enveloppes nationales qui leur sont alloués par la Commission, de manière dégressive toutefois.
A partir de la cinquième année, les Etats membres pourront continuer à financer cette distillation (à hauteur de 15% de leur enveloppe nationale), " dans des cas justifiés " après approbation de la Commission européenne.

L'Italie et la Grèce ont notamment obtenu dans la dernière ligne droite " un ajustement " financier de leurs aides communautaires versées pour l'enrichissement du vin au " moût ", appelées toutefois à disparaître.
Ces aides compensent techniquement le maintien de l'enrichissement au sucre dans les pays du Nord de l'Europe, négocié d'arrache-pied par l'Allemagne, alors que Bruxelles réclamait sa suppression.

Cette " chaptalisation ", l'adjonction de sucre dans le vin pour augmenter le taux d'alcool et compenser le faible ensoleillement, ne sera finalement pas inscrite sur les étiquettes des vins, une autre demande obtenue par Berlin.
Mais les taux d'enrichissement au sucre seront en contrepartie réduits. " Nous n'avons pas obtenu tout ce que nous voulions mais nous avons fini par obtenir un accord équilibré ", a affirmé la commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel. " Au lieu de dépenser la plupart de notre budget à nous débarrasser d'excédents indésirables nous pouvons à présent nous tourner vers nos concurrents pour regagner des parts de marché ", a-t-elle ajouté.

Source : www.agrisalon.com

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