Crise annoncée dans la filière laitière
- Création : 2 avril 2007
A l'appui des appréhensions formulées, figure, bien entendu, le spectre de la sécheresse. Seulement l'impact prévisible sur la production laitière serait aggravé par d'autres facteurs liés à la productivité et la disponibilité du cheptel dit performant ainsi qu'à la mutation profonde du marché de la poudre de lait.
Le diagnostic établi, tout en soulignant l'essor qu'a connu la filière depuis la mise en place du premier plan laitier en 1975, met en exergue les faiblesses constatées au niveau de la performance génétique du potentiel issu de l'importation. S'il a permis une forte croissance de la production, ce plan n'a cependant pas atteint ses objectifs. Le niveau de la consommation demeure très faible: 40/l/hab./an, alors que la norme de l'Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de 90 litres.
Actuellement, la production globale est estimée à 1,4 milliard de litres dont 900 millions sont usinés. Ramenée à l'effectif performant, cette production révèle toutefois un rendement largement inférieur au potentiel. En effet, le niveau de productivité de l'élevage marocain se situe en moyenne aux alentours de 3.000 litres par génisse et par lactation contre une moyenne européenne de l'ordre de 7.000 litres. Bien entendu, il se trouve au Maroc des éleveurs qui dépassent les performances européennes et usent des meilleures techniques de conduite d'élevage. Ceux-ci se rangent toutefois parmi la catégorie qui détient moins de 20% de l'effectif constitué de race pure. Cette frange d'éleveurs est-elle en mesure de tirer la productivité vers le haut? Est-on en droit de se demander. Surtout que les structures d'encadrement collectif font cruellement défaut. Aussi ne faut-il point s'étonner de constater que 80% du bétail laitier marocain n'assurent qu'une part infime de la production.
«Le recours, relativement généralisé, à du matériel génétique peu performant, conjugué à l'absence de la maîtrise des techniques d'insémination artificielle, expliquent ces faiblesses», commente Abderrahmane TARABI, directeur des achats et de la production à la Centrale Laitière.
Et cette situation va en se dégradant avec le vieillissement du cheptel et les conséquences des arrêts et par la suite les restrictions qui ont touché les importations. Depuis décembre 2006, le recours à l'importation est admis. Mais il demeure limité aux marchés français et allemand. Risque sanitaire oblige! Signale-t-on auprès de la direction de l'élevage relevant du ministère de l'Agriculture. A l'heure actuelle, les demandes d'importation déposées auprès de la direction de l'élevage totalisent un effectif d'un millier de têtes, signale le Dr BELEKHAL. Ce responsable se veut rassurant et estime que «le Maroc réaliserait d'ici fin mai l'importation de 5 à 6.000 génisses. Ce qui permettrait de faire face à la pénurie à partir de fin septembre».